La violence familiale a des répercussions considérables sur la santé des femmes du fait des lésions causées ou des maladies chroniques qu’elle peut provoquer. Les coups subis, l’état de tension, de peur et d’angoisse dans lesquels elles sont maintenues par leur agresseur, ont des incidences majeures et sont à l’origine de troubles multiples. Les répercussions sociales sont aussi considérables. D’après l’O.M.S, les femmes victimes de violence au sein du couple perdent entre une et quatre années de vie en bonne santé.

Selon, Henrion, (2001) les conséquences sur les victimes sont multiples : – Les lésions traumatiques sont une conséquence de la violence physique. Elles sont souvent multiples et de diverses natures. Erosions, ecchymoses, hématomes, contusions, plaies, brûlures, morsures, traces de strangulation, mais aussi fractures sont les principales lésions retrouvées. La localisation des lésions est également variable. Les lésions résident essentiellement au visage, au crâne, au cou et aux extrémités. De plus, on remarque des fractures dentaires, des os propres du nez et du massif maxillo-facial, des hémorragies conjonctivales et des décollements de rétine responsables d’une baisse de l’acuité visuelle et des perforations tympaniques. Les violences physiques ne sont jamais isolées. Elles sont accompagnées d’injures, de menaces et devancent le plus souvent des rapports sexuels forcés. Ces violences sont la cause de séquelles telles que la fatigue intense et des douleurs musculaires lesquelles restreignent l’activité et provoquent une impotence fonctionnelle plus ou moins importante.

–    Toutes les pathologies chroniques demandant un traitement continu et un suivi ponctuel sont susceptibles d’être perturbées profondément ou d’empirées par les violences, que ce soit des affections pulmonaires, cardiaques ou des troubles métaboliques. La femme peut rencontrer des difficultés à poursuivre son traitement ou à consulter du fait de son asthénie, de son mauvais état de santé physique, d’un état dépressif ou bien parce que son mari contrôle ses faits et gestes et s’y oppose.

–    Les violences domestiques apparaissent être une des causes essentielles de mortalité chez ces femmes. La mort peut être l’aboutissement de la violence, qu’il est question de suicides, d’homicides ou de décès dus à des pathologies en lien avec la violence, telles que les lésions du foi, les ruptures de la rate… Selon le rapport 2001 du ministre de l’intérieur, on évalue qu’en France, trois femmes décèdent tous les quinze jours du fait de violences masculines domestiques. D’après Stark et Flitcraft (1991) : « on estime que les femmes victimes de violence domestique effectuent cinq fois plus de tentatives de suicides que dans la population générale. ».

–    La violence psychologique peut exister isolément ou être un préalable à la violence physique. Cette violence insidieuse qui consiste en des propos dénigrants persiste souvent pendant de longues périodes. C’est par ce phénomène d’influence que la victime endure pendant des années, ces avanies, tout en s’efforçant de trouver des excuses à son conjoint. Cet état de tension, de crainte ainsi que d’angoisse dans lequel les femmes victimes de maltraitance sont maintenues par leur agresseur peut engendrer différentes formes de troubles psychiques.

Il peut être question de :

–   Troubles psychosomatiques : lombalgies chroniques, céphalées, asthénie, tachycardie, palpitations, sentiment d’oppression, difficultés à respirer…

–   Troubles du sommeil : difficultés à s’endormir ; veille ou réveils nocturnes, cauchemars.

–  Troubles de l’alimentation : anorexie, boulimie….

–  Troubles cognitifs : difficulté de concentration et d’attention, perte de mémoire.

– Troubles émotionnels : colère, honte, sentiment de culpabilité, sentiment d’impuissance, auto-dévalorisation, état d’anxiété, de panique…

Effectivement, les effets sur les victimes sont multiples : perte de l’estime de soi, perte de l’identité et de la confiance en ses capacités. Les violences perturbent profondément, confinent et isolent les victimes. Ainsi, ces femmes développent culpabilité, dépendance, peur, désespoir et honte. De plus, les dépressions sont fréquentes et touchent plus de 50% des femmes victimes de violence domestique. Elles se définissent par une perte d’estime de soi, une prudence exacerbée, un repli sur soi, des troubles du sommeil et de l’alimentation, des idées suicidaires et/ou des tentatives de suicide. Elles peuvent être la résultante d’un état dans lequel la femme se sent ou est vraisemblablement dans l’impossibilité d’échapper au contrôle et au pouvoir de son partenaire lequel la malmène. Ces dépressions peuvent être aussi dues au fait que la femme perçoit que sa vie de couple touche à sa fin, à une grande inquiétude concernant l’avenir, à la peur des représailles de la part du partenaire, à la crainte de perdre la garde de leurs enfants, la crainte de difficultés économiques ou encore à une intériorisation de la colère. Les abus de substances psychoactives sont courants xonsommation chronique et abusive de tabac, d’alcool, de drogues psychoactives, de médicaments analgésiques, anxiolytiques, antidépresseurs ou hypnotiques. Selon, Starck et Flitcraft (1988), cité par Henrion (2001), 10% des femmes victimes de violences familiales font usage de drogues et de médicaments prescrits par leur médecin (sédatifs, somnifères, analgésiques). Cette utilisation excessive peut être expliquée comme une tentative d’automédication dans le but de faire face à l’anxiété et à la violence qui la provoque. D’autre part, de nombreuses femmes victimes de violence conjugale montrent tous les signes d’un syndrome post-traumatique. Selon Garibay-West (1990) et Austin (1995) : « 46.7% à 58% des femmes violentées présentent ce type de syndrome. » . Ainsi, les femmes ayant subies des violences reçoivent quatre à cinq fois plus de traitements psychiatriques que dans la population générale.

– Lors de la grossesse, les violences sont néfastes car elles ont des répercussions à la fois sur la mère et sur le fœtus. Les auteurs s’accordent entre eux pour dire que la grossesse est un facteur déclenchant ou aggravant. La grossesse peut ne pas être désirée. En effet, elle peut résulter d’un viol conjugal, avoir été décidée par le couple lors d’une période d’accalmie ou être la conséquence de l’impossibilité pour la femme d’avoir recours à une contraception. De ce fait, la grossesse aboutit à des interruptions volontaires ou à des déclarations tardives ainsi qu’à des grossesses mal surveillées lesquelles ont pour résultats : accouchements prématurés, retards de croissance in utero. « Les auteurs canadiens rapportent que 89% des femmes violentées au cours de leur grossesse, l’ont été lors d’une grossesse non désirée. (Le chiffre est de 70% des cas pour Gazmarian et Coll en 1995). Ils estiment d’autre part que les femmes ont trois fois plus de risque d’être victime de violence lorsque la grossesse n’est pas désirée. » .

En sus des violences infligées pendant la grossesse, s’ajoute souvent un tabagisme, parfois l’usage d’alcool ou de drogues, une anémie maternelle, des infections urinaires plus fréquentes, toutes conditions qui retentissent sur l’évolution de la grossesse et l’état de l’enfant. L’anxiété et la souffrance de la femme peuvent s’exprimer après l’accouchement par une carence ou une absence de soins immédiat à l’enfant, un allaitement déficient ou absent. L’enfant à naître est lui aussi atteint par la violence : mort fœtale in-utero ou mort-né, retard de croissance in-utero, lésions fœtales, fractures de membres ou plaies par armes blanches. Il apparaît d’ores et déjà, que les femmes ne sont pas les seules à être victime de cette violence conjugale au sein de la cellule familiale.