26 juin 2024

La Voix du Nord : Féminicide de Nathalie Debaillie : au procès, des excuses de l’institution

Voix du Nord du 26/06/2024

 

Au procès du féminicide de Nathalie Debaillie, l'avocate générale est revenue sur les plaintes non traitées par la police, avant le drame.

Nicolas Debaillie a fait la part des choses depuis bien longtemps. « Ce n'est pas

le procés de la police, ici, c'est celui des assassins de ma soeur. » Une autre procédure est en cours, à Paris, pour tenter de faire reconnaître la responsabilité de l'État dans cette terrible histoire. Nathalie Debaillie, harcelée, menacée par Jérôme Tonneau, avait déposé trois mains courantes, puis une plainte (pour menaces de mort !), mais rien, jamais, n'a été fait pour la protéger.

Ce n'est pas le procès de la police, mais tout cela plane sur l'audience, évidemment. Pascale Girardon, lavocate générale, ne l'a pas élude. Personne ne l'y a obligée, mais elle a eu quelques mots qui ont fait beaucoup de bien à toute la famille de la victime. Des mots simples, justes, sans concession.

Mal apprécié

« Je comprends votre colère. Quelque part, on vous doit des excuses, pour ces procédures non traitées. Elles n'ont même pas été transmises au parquet. Le parquet de Lille n'en a eu connaissance qu'au moment du drame. » Elle n'élude pas non plus la célérité étonnante avec laquelle les mêmes services de police

lillois ont traite, en revanche, une plainte de Jérôme Tonneau pour abus de confiance.

La magistrate lilloise a voulu faire comprendre à Nicolas Debaillie que son combat, quoi qu'il arrive, ne sera pas vain : « Une enquête administrative a entraîné la réorganisation des services. Une cellule spécialisée dans les violences intrafamiliales a été mise en place. » Pascale Girardon souligne que les services de police de la métropole ont « 81 000 procédures en stock », mais elle ne s'abrite pas derrière les chiffres : « On a mal apprécié le danger, la menace, et la détermination de celui qui est assis derrière vous. » Très ému, Nicolas Debaillie n'a eu que ces quelques mots : « C'est la première fois que quelqu'un s'excuse devant moi... »

23 mai 2024

Assassinat de Nathalie Debaillie : anatomie d’une faillite

 

Article à lire sur lepoint.fr

RÉCIT. Nathalie Debaillie, retrouvée égorgée en 2019, avait demandé à quatre reprises une protection face à son ex-conjoint. Pour sa famille, qui attaque l’État, la police lilloise est aussi responsable de sa mort.

Avant le procès d'assises qui doit se tenir en juin, c'est d'abord l'État français qui est appelé à la barre du tribunal judiciaire de Paris, ce 24 mai. Un mis en cause plutôt inhabituel dans une affaire d'assassinat. Pourtant, en décembre dernier, c'est bien l'État que Me Isabelle Steyer, qui représente la famille de Nathalie Debaillie, égorgée en 2019, a annoncé attaquer en responsabilité. Car, pour l'avocate et la famille de la victime, au-delà de l'assassin présumé de Nathalie, la police de Lille (Nord) a, elle aussi, permis le crime.

Remontons cinq ans en arrière, au 27 mai 2019, à Lille. Aidé de trois complices, Jérôme Tonneau, l'ex-compagnon de Nathalie, l'enlève, la jette dans le coffre d'une fourgonnette et la bâillonne. Elle sera retrouvée quelques heures plus tard gisant dans la baignoire de son ex-conjoint, égorgée au cutter. Tragique dénouement d'un drame annoncé : entre février et mai 2019, Nathalie Debaillie avait déposé trois mains courantes et une plainte à l'encontre de son ex-conjoint.

« Elle n'en pouvait plus »

Avec Jérôme Tonneau, ils font connaissance en 2017, sur un site de rencontres. Elle a alors 45 ans, lui 52. Ils n'habitent pas ensemble, mais cela n'empêche pas Jérôme Tonneau de lancer chez Nathalie d'importants travaux. « Il voulait s'approprier les lieux », observe Me Steyer. Nathalie Debaillie est pourtant formelle : elle ne souhaite pas qu'il emménage chez elle. Début 2018, elle confie à sa sœur qu'elle se sent envahie, privée de sa liberté et épuisée.

« Elle me disait qu'elle n'en pouvait plus, qu'il prenait de plus en plus de place dans sa vie, qu'il voulait absolument s'installer chez elle mais qu'elle ne voulait pas », expliquera la sœur de la victime devant les enquêteurs. À la même période, Nathalie Debaillie fait aussi plusieurs découvertes concernant Jérôme Tonneau, notamment qu'il est visé par une enquête pour escroqueries. Il a d'ailleurs été condamné en juillet 2020 des chefs de tentative d'escroquerie, complicité de destruction par incendie, fausses déclarations à l'assurance et dénonciations mensongères pour avoir mis volontairement le feu à l'un des pressings dont il était propriétaire.

-> Lire la suite sur lepoint.fr

2 mai 2024

« J’ai tué le chien, je vais te tuer » : les sévices sur les animaux, signaux d’alerte des violences conjugales

Lire l'article sur francetvinfo.fr

À Marseille, une petite chienne chihuahua a succombé fin avril aux coups d'un homme, sur fond de vengeance après une séparation. Selon deux spécialistes, les sévices sur un animal sont révélateurs d'une volonté de destruction et annonciateurs d'autres formes de violences.

Le 25 avril, dans le 9e arrondissement de Marseille, un homme a tué la chienne de son ex-compagne. Il lui a envoyé une vidéo des violences et de la chienne morte. L'homme lui a dit "j'ai tué le chien, je vais te tuer." Un cas qui n'est ni nouveau ni isolé. En Seine-et-Marne, un homme a été condamné en novembre 2022 à 12 mois de prison pour avoir tué la chienne de sa compagne, alors que leur couple battait de l'aile. En 2014, un Américain a tué le Loulou de Poméranie de sa partenaire avant de lui servir à manger. La femme avait signalé avoir subi de nombreuses violences de la part de son homme. Des cas emblématiques et qui doivent alerter selon deux spécialistes.

Une "logique de terreur"
Spécialisée dans les violences faites aux femmes, Maître Isabelle Steyer prend ces violences animales très au sérieux. "C'est une logique de grande terreur", poursuit l'avocate,"je te fais vivre la terreur, tu culpabilises, tu n'es pas efficace, tu te sens complice". "Un homme qui s'attaque à un animal s'attaque à quelqu'un qui ne peut pas le nommer, le désigner, alors qu'un enfant en est capable, poursuit-elle. C'est la fragilité dans la fragilité."

Pour l'avocate, il s'agit dans ces dossiers de maltraiter un être cher à une femme. Encore plus maltraité que la femme.

Il faut détruire, l'homme n'en est pas encore au stade de la détruire, elle.
Isabelle Steyer, avocate spécialiste des violences conjugales
à France 3 Provence-Alpes

Isabelle Steyer explique que dans tous les dossiers de maltraitance d'enfant, si un animal est dans le foyer, il est maltraité systématiquement.

Trois critères indiquent selon elle qu'un homme est sur le point de tuer sa compagne ou ex-compagne. "L'homme dit "je veux te tuer", il utilise le feu [en déclenchant un incendie par exemple] et il maltraite un animal". Quand ces trois critères sont réunis, la folie va jusqu'au meurtre, c'est ce qu'Isabelle Steyer a constaté dans ces dossiers et sa carrière en général.

Une violence qui en engendre d'autres
Dans l'affaire marseillaise, la propriétaire du chien tué n'a pas porté plainte. Son ancien compagnon n'avait pas le droit de s'approcher d'elle, par ordonnance d'éloignement. Le 25 avril, il a tué la chienne de cette jeune femme à coups de savates. L'association SPAME (Société Protectrice des Animaux Maltraités et Errants) a déposé une plainte et se porte partie civile. Elle sera représentée par Isabelle Terrin, avocate spécialisée dans la défense des animaux.

Selon elle une personne capable d'une telle violence sur un animal peut aussi bien s'en prendre à une femme, un enfant ou une personne âgée.

Il existe une seule violence, c'est un côté sadique.
Isabelle Terrin, avocate de la SPAME
à France 3 Provence-Alpes

"Dans un État américain, un fichier recense les personnes ayant commis des sévices ou actes de cruauté sur les animaux. Lorsque les enquêteurs cherchent un tueur en série, ils regardent ce fichier. Celui qui crève un œil à un animal n'est forcément pas tranquille", selon l'avocate.

L'espoir d'une justice plus sévère
"Avant, on ne me prenait pas au sérieux" raconte Maitre Terrin "Aujourd'hui, je sens que les parquets sont très sensibles à ces actes. La loi a changé en 2021. Aujourd'hui, pour sévices et cruauté ayant entraîné la mort, la peine peut s'élever à 5 ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende".

"Un animal est un être sensible", un référent animal est désormais en place au sein des gendarmeries et commissariats. "On prend conscience de la gravité des faits, de l'importance de les juguler, d'arrêter la violence dès les prémices."

On devrait poser cette question dans les gendarmeries et les commissariats. On évoque les maltraitances économiques, psychologiques et sexuelles, on devrait ajouter les sévices sur les animaux, ça en dit long sur le foyer.
Isabelle Steyer, avocate
à France 3 Provence-Alpes

Isabelle Terrin plaidera le 6 juin dans le procès des violences infligées au chihuahua. Dans toutes ses affaires de défense des animaux, elle a un souhait : "Tu touches à un animal, tu vas en prison."

11 mars 2024

Film : VIVANTE(S) — A travers le cas de Sarah Barukh, ce documentaire se penche sur la violence faite aux femmes.

C’était il y a un an. 125 personnalités avaient accepté de donner leur voix à 125 femmes assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint, le nombre annuel moyen de féminicides en France. Sarah Barukh, elle-même victime d’un homme violent pendant dix ans, avait réuni ces témoignages de familles dans un livre, « 125 et des milliers » (chez Harper Collins). Un coup de projecteur sur ce fléau pour mettre fin aux idées reçues. « Vivante(s) », diffusé ce mardi 5 mars sur Canal +, qui dédie une soirée spéciale à cette cause, c’est la suite de cette histoire. Dans ce documentaire puissant, l’écrivaine et militante de 43 ans donne des clés sur ces violences et propose des pistes concrètes pour s’en sortir ou aider des proches des victimes.

> Documentaire disponible gratuitement sur Canal plus

26 février 2024

Le podcast pour combattre les idées reçues sur les violences dans le couple.

5 épisodes pour identifier et argumenter contre les 5 principales idées reçues sur les violences au sein du couple qui freinent l’identification, la prise de conscience du danger et donc la prévention. Le podcast a été pensé par Sarah Barukh, auteure de 125 et des milliers et est animé par Julie Mamou-Mani entourées de spécialistes du sujet : médecins, avocats ou encore associatifs.

> Écouter sur Spotify

> Écouter sur podcast24.fr

9 février 2024

Isabelle Steyer – Judith Godrèche porte plainte pour viols sur mineure

Emission : C dans l'air (diffusée 08/02/2024)
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé

> Voir l'émission
> Écouter le podcast

Mardi, l’actrice et réalisatrice Judith Godrèche a déposé plainte contre Benoît Jacquot pour "viols sur mineure de 15 ans par personne ayant autorité", à la Brigade de protection des mineurs. Ces faits datent de la seconde moitié des années 1980, et sont possiblement prescrits. Mais sa parole s’est à nouveau libérée ce matin au micro de France Inter : Judith Godrèche accuse aussi un autre réalisateur, Jacques Doillon, d’avoir abusé d’elle à 15 ans.

Judith Godrèche et Benoît Jacquot ont débuté leur relation au printemps 1986, alors qu'elle avait tout juste 14 ans et faisait ses premiers pas dans le cinéma. Ils ont vécu ensemble, sans cacher leur relation, jusqu'à leur séparation en 1992. Sa prise de parole a été motivée par le visionnage du documentaire “Les ruses du désir” de Gérard Miller en 2011 dans lequel Benoît Jacquot reconnaît le “caractère illégal” de sa relation passée avec l'adolescente et présentait sa pratique cinématographique comme un "trafic illicite de mineurs”.

Fin 2023, Judith Godrèche fait son retour dans une série en forme de témoignage, "Icon of French cinema", diffusée sur Arte. Sans jamais le nommer, elle jette une lumière crue sur sa relation avec Benoît Jacquot, que ses parents n'ont à l'époque pas empêchée. C'est le 6 janvier sur les réseaux sociaux que Judith Godrèche le nomme. Dans une dizaine de stories publiées sur Instagram, elle qualifie à plusieurs reprises Benoît Jacquot de “pervers” qui la “remet inlassablement à la place de l'objet inexistant”.

Isabelle Steyer est avocate au barreau de Paris, spécialisée dans la défense des femmes et enfants victimes de violences. Elle reviendra sur la parole de Judith Godrèche qui se libère jour après jour, après ses deux plaintes déposées pour viols contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon.

2 février 2024

TEMOIGNAGES. Féminicides : « Ces femmes sont victimes de leur bourreau, mais aussi d’une certaine incompétence », dénoncent des familles de victimes

> Écouter le podcast

De plus en plus de familles de victimes décident de saisir la justice pour dénoncer les défaillances de l’État. On estime que dans un quart des cas au moins, les victimes de féminicides avaient alerté, parfois à maintes reprises, des menaces qu'elles subissaient.

L’une des dernières familles à avoir ainsi assigné l’État est celle de Nathalie Debaillie, tuée par son ex-compagnon à Lille le 27 mai 2019, à l'âge de 47 ans. C’est le frère de Nathalie, Nicolas Debaillie qui porte le dossier, animé par une colère froide. Il a fait déposer en décembre dernier au tribunal de Paris, par le biais de son avocate, l'assignation à laquelle se sont joints Romain et Grégory, fils et ex-mari de la quadragénaire.

En 2019, Nathalie Debaillie quitte son compagnon, Jerôme Tonneau avec lequel elle a eu une relation pendant deux ans. Ce dernier refuse la rupture et lui fait vivre un enfer. Pendant cinq mois, elle a crié dans le désert. "Ma sœur avait pris la mesure du danger qu'elle encourait. Les menaces de cet homme étaient sérieuses, et elle le savait. Il y a eu les pneus crevés, les photos de pierre tombale envoyées par SMS et autres coups de téléphone d’intimidation. Il était en permanence devant l'immeuble de la banque où Nathalie travaillait à Lille", raconte Nicolas Debaillie.

Lire la suite de l'article sur francetvinfo.fr

26 janvier 2024

[INÉDIT] ACQUITTÉE APRÈS AVOIR TUÉ SON CONJOINT VIOLENT, LA QUESTION DE LA LÉGITIME DÉFENSE DES FEMMES VICTIMES DE VIOLENCE CONJUGALE

> Écouter le podcast

Une femme a été acquittée pour le meurtre de son compagnon, un homme qu’elle a tué lors d’une dispute et dans un climat de violences conjugales. Un homme contre lequel elle avait déjà porté plainte. Le 20 juin 2021, Angélique a donné un coup de couteau près du cœur de son conjoint alors qu'il venait de tenter de l’étrangler. Les jurés ont retenu la légitime défense, estimant que cette femme aujourd’hui âgée de 48 ans n’a fait que se défendre. Angélique est sortie libre de son procès après deux ans et demi de détention. Elle rejoint trois autres femmes, Alexandra Lange, Florianne Herelle et Adriana Sampaïo, qui elles aussi ont été acquittées après avoir tué leur conjoint violent. Une femme qui tue, mais qui tue pour se défendre. Comment en arrive-t-on à cette situation? Pourquoi la légitime défense est-elle reconnue dans cette affaire? Y-at-il eu des défaillances dans la prise en charge des violences qui ont précédé ce qui reste un drame, la mort d’un homme? Avec Maitre Isabelle Steyer, avocate spécialiste des violences conjugales.