Mis en examen pour meurtre, le principal suspect, âgé de 21 ans, s'était déjà montré extrêmement violent ces dernières semaines envers la victime.
Cinq jours après le drame, on en sait désormais un peu plus sur le premier féminicide qui a marqué l'année 2022. Samedi passé, Eléonore, une militaire de 28 ans était retrouvée sans vie sur le palier de son domicile de Bellevigne-les-Châteaux, dans le département du Maine-et-Loire, le corps lardé de dix coups de couteau. Interpellé peu après, son compagnon, également militaire et âgé de 21 ans, a été mis en examen pour meurtre.
Deux plaintes en quelques semaines
Ces derniers mois pourtant, les alertes s'étaient multipliées à l'encontre du vingtenaire. A deux reprises la victime avait porté plainte contre lui, auprès des gendarmeries du Mans et de Lorient.
Au terme de la première plainte, l'homme avait été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d'approcher la victime et un procès dédié à ces faits devait débuter le 27 janvier à Lorient, sept mois après les violences. Le suspect avait alors battu et tenté d'étrangler sa compagne, provoquant des blessures qui avaient nécessité 5 jours d'ITT.
Cependant, cette mesure d'éloignement s'est montrée inefficace puisque tous deux travaillaient ensemble, au sein de la même caserne, et étaient appelés à se rencontrer fréquemment.
La seconde plainte intervient quelques semaines plus tard, en octobre 2021. Malgré la gravité des faits, le procès-verbal de celle-ci, que BFMTV a pu consulter, indique que la jeune femme ne nécessite pas de mesure de protection malgré une violente agression sur une aire de repos, où elle a été frappée devant trois témoins à coups de pied et de poing.
Pourtant, à la question "votre partenaire vous a-t-il déjà menacé de mort?", la jeune femme répond par l'affirmative: "Oui. Il n’a pas précisé comment il allait le faire. Mais il m'a dit 'je vais te tuer'", peut-on lire, dans ce document daté du 23 octobre 2021.
"On donne un blanc-seing aux agresseurs pour pouvoir continuer"
Toutefois, malgré cette seconde plainte, le jeune homme avait été laissé en liberté et n'avait pas été placé sous bracelet anti-rapprochement. Pour ces nouveaux faits, il devait être convoqué en mars prochain.
Une inaction des autorités compétentes qui provoque la colère de Me Isabelle Steyer, avocate des parents d'Eléonore. "Quel sens cela a qu’une femme dépose plainte pour la deuxième fois, et que pour la deuxième fois son agresseur soit laissé en liberté, et que pour la troisième fois il vienne la tuer?", s'insurge-t-elle, brandissant face caméra un portrait de la jeune femme, dévisagée par les coups du suspect au moment de déposer sa seconde plainte.
"Ça veut dire quoi? Qu’elle sait, que l’institution sait, et qu’on donne un blanc-seing aux agresseurs pour pouvoir continuer"
Bien que le procureur de la République d'Angers Eric Bouillard a affirmé que la victime avait repris contact avec son agresseur, celle-ci n'avait en aucun cas retiré ses plaintes.
Cécile Danré avec Hugo Septier