La violence familiale s’installe progressivement et de façon insidieuse à travers des cycles qui tendent de plus en plus à s’écourter dans le temps et dont l’intensité et la fréquence s’amplifient avec le temps. Ce qui peut mener la victime au suicide, à des risques élevés d’homicide ou à la mise en danger de la vie de la victime et de ses enfants.
Dans un contexte de violence conjugale, le moindre incident peut provoquer une tension suivie de menaces ou d’agressions psychologiques, qui seront souvent accompagnées d’agressions physiques. Après cette crise, prend place une phase d’accalmie durant laquelle le conjoint violent, appréhendant de perdre la victime, minimise les faits et la gravité de l’agression, justifie son comportement, la rend coupable de ses gestes, garantit de ne plus récidiver et adopte de nouveau une attitude « normale ». Le conjoint violent prétexte qu’il ne peut maîtriser sa violence. Cette période de rémission nourrit chez la victime, l’espoir qu’il ne sera plus violent. Elle redécouvre un compagnon paisible et attentif. Mais ces comportements violents se multiplient et alternent avec des moments d’accalmie. Il s’agit d’un processus qui déstabilise la victime.
Plus forte est l’emprise de la violence sur la victime, plus ces périodes dites de « lune de miel » s’amenuisent pour finir par disparaître. Effectivement, l’auteur de la violence n’en a plus besoin pour retenir sa victime : les effets de la violence sur la vie, sur la santé de celle-ci sont telles qu’elle n’imagine plus pouvoir s’y soustraire. Les gestes ou les comportements violents font partis d’une stratégie pour imposer ou dicter à l’autre sa volonté en usant des coups, de l’humiliation, du dénigrement, des insultes, des menaces ou du chantage.
Ainsi, l’isolement, la honte, le poids des idées reçues, les sentiments de culpabilité et d’échec plongent les victimes dans le silence, les empêchent d’agir et d’envisager une issue à la souffrance.
En effet, selon Cattori, Hurter, Karemerera et Mathieu, (1993) : « Les personnes qui vivent dans une relation de violence conjugale rencontrent, pour la plupart, des difficultés d’adaptation sociale. Elles sont souvent repliées sur elles-mêmes et ont tendance à légitimer les violences qu’elles subissent. ».