Ma chère Amie,
Je t’ai vu et t’ai immédiatement dit que tu créerais une œuvre.
Tu connais trop de l’inhumanité pour ne pas nous transmettre une vérité essentielle: la vie plus forte que l’inceste, la vie plus forte que le viol.
Tu es fille de libraire et tu écris un livre, tu as certainement dû en parler avec ton psychanalyste.
L’histoire se répète pour le meilleur et pas pour le pire.
Tu traites deux thèmes et deux questions juridiques qui hantent mon cabinet: les conséquences traumatiques du viol et les viols incestueux.
Je plaide souvent sur les conséquences du viol sur la femme elle-même ainsi que sa famille.
Les conséquences traumatiques du viol
4 fois plus de femmes victimes de viols se suicident.
Elles développent plus facilement un cancer ou des maladies causées par le stress.
Elles sont confrontées à des accidents domestiques.
Elles subissent de douloureux accouchements. Lors de l’accouchement, les souvenirs et douleurs des viols reviennent à leur conscience.
Comme si elles accouchaient de leur enfant et de leur histoire de viol.
Comme s’il existait une mémoire du corps.
Existe-t-il une mémoire du corps?
Sa vie sexuelle sera questionnante. De la frigidité à la prostitution, elle sera confrontée aux confins de toutes les sexualités.
L’inceste frère-sœur demeure un inceste tabou.
Il est souvent analysé et confondu avec des jeux alors même qu’il est un instrument de domination de l’un sur l’autre.
Inceste banalisé par les parents symbolisant un grand dysfonctionnement familial.
Je plaide souvent ces dossiers dans lesquels les parents sont des deux côtés de la barre du tribunal.
Lequel des deux enfants vont-ils défendre ?
Le drame est qu’ils défendent trop souvent l’agresseur, le frère.
La victime est laissée de côté. On aurait voulu qu’elle se soit tue.
La victime qui dérange même si les parents sont libraires et aiment les mots.
Laissée et abandonnée à son agresseur, la victime est offerte à de nouveaux agresseurs.
Telle est l’histoire de mon amie.
Forte, brillante, solide, sensible, fragile…
“Elle s’appelle Anne Lorient. Elle a 48 ans, deux fils de 12 et 15 ans. Elle a passé 17 ans dans la rue. Elle publie son témoignage (poignant) dans un livre coécrit avec Minou Azoulai : « Mes années barbares » (Editions de La Martinière)…”
Source de l’image et article d’origine : http://www.femmeactuelle.fr/bien-etre/bien-dans-ma-tete/temoignage-j-ai-ete-sdf-pendant-17-ans-27096