Article publié sur lest-eclair.fr :
article n°1
article n°2

Avocate de Lucie, la sœur de Julie Brocard, Maître Isabelle Steyer, spécialiste des affaires de féminicide, estime que tout n’a pas été fait pour la recherche de la vérité.

Quel regard portez-vous sur l’affaire Julie Brocard ?

Dans ce dossier, les informations sont prises et accumulées en vrac, comme dans une espèce de millefeuille. Il n’y a personne qui relie ces informations pour établir un scénario plausible, un scénario criminel de la soirée. On ne fait rien de ces informations. Il n’y a aucun raisonnement. Par conséquent, on se dit « bah c’est bizarre, on ne trouve personne qui a commis les faits ».

Si on attend d’avoir une vidéo de la scène de crime pour trouver celui qui a commis les faits, on ne trouvera jamais. Il n’y a pas de caméras devant la maison de Julie non plus. Dans ces conditions, si on ne dresse pas un historique cohérent de la soirée, avec en tête le développement de ce qui peut apparaître comme un féminicide, on ne trouvera jamais le ou les agresseurs. Avec toutes les informations à disposition, il faut au moins dresser un ou deux scénarios possibles.

Vous estimez qu’il y a un puzzle devant vous et que personne ne le reconstitue ?

Exactement. Personne ne le compose. On se dit « On a fait des investigations, on a entendu des gens, fait des expertises, c’est très bien ». Mais il faut en conclure quelque chose ! Pour cela, il faut que quelqu’un se plonge dans le dossier, étudie toutes les informations, toutes les cohérences et surtout les incohérences et en fasse quelque chose.

Craignez-vous que cette affaire reste dans une impasse, que le dossier s’enlise et devienne ce qu’on appelle un « cold case » ?

Ce que j’ai demandé depuis le début, c’est une analyse complète du dossier. Or, cela n’a, à mes yeux, pas été réalisé. Étudier un dossier, ce n’est pas entendre des témoins ou demander des expertises. Étudier un dossier, c’est construire des scénarios. Là, on dirait qu’on se moque de savoir qui a commis les faits et que ce qui compte, c’est de montrer qu’il y a eu des investigations. Mais c’est réalisé sans fil conducteur. On effectue des actes pour remplir des pages blanches. Leur priorité n’est pas de chercher un auteur mais de faire des actes. L’institution judiciaire se dit comme ça qu’elle a la conscience tranquille. Moi, cela ne m’intéresse pas. Je préfère un bon acte à dix actes qui ne mènent à rien. On peut réentendre tous les témoins et acteurs de ce dossier mais ce qu’il faut maintenant, c’est se positionner. Sinon, il ne se passera jamais rien. On parle quand même d’un potentiel meurtre. Ce n’est pas une affaire de cambriolage ! Pourquoi ne pas analyser cet acte comme un acte criminel nécessitant tous les moyens d’enquête et d’expertise ? Or, des témoins de ce dossier n’ont, par exemple, été entendus que dix jours après les faits. Cela n’intéresse pas la police plus que ça ?

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