A 27 ans, cette jeune militaire est tombée sous l’emprise d’un compagnon toxique et dangereux. Malgré les alertes, graves, elle n’a pas été protégée. L’avocate de la famille accuse. Retour sur un engrenage mortifère
Ces fêtes de fin d’année, Eléonore ne voulait pas les passer avec Vaiava, son compagnon depuis huit mois. Il y a eu tant de cris, de coups, de larmes ces dernières semaines. Elle n’en peut plus de sa jalousie maladive, de ses colères incontrôlables, de ses crises soudaines. Elle a d’ailleurs d’autres projets pour le Nouvel An, qu’elle compte passer avec une amie et ses parents. Mais comme toujours, le jeune homme insiste. Il n’aime pas qu’elle lui résiste et sait trouver les mots pour la convaincre. Il la bombarde de SMS, répète qu’elle lui manque, qu’il va changer. Et comme toujours, Eléonore céde. Ils décident de se retrouver à Chacé, un village viticole de la périphérie de Saumur, dans le lotissement où le frère de Vaiava, qui est aussi son camarade de régiment, occupe un modeste appartement.

Le soir de la Saint-Sylvestre, maquillée avec soin, la jeune femme est encore plus jolie que d’habitude. Ils ne sont que trois, mais l’ambiance est joyeuse, l’alcool coule à flots. Dans la nuit, les bouteilles sont vides et ils vont à la supérette du coin racheter du gin et du Coca. En route, ils croisent des voisins, leur souhaitent la bonne année.

« Elle est morte, elle ne respire plus, putain ! venez »

Et puis, comme souvent quand il a bu, Vaiava revient sur son obsession maladive : son frère, il en est sûr, a une liaison avec Eléonore. Impossible de lui faire entendre raison. Le ton monte. L’aube va bientôt se lever quand les deux hommes en viennent aux mains. Vaiava sort un couteau de cuisine. Courageusement, Eléonore tente de s’interposer.

Et c’est le drame. Le militaire retourne sa rage contre sa compagne, la traîne sur le palier et la poignarde, « de sept à treize coups de couteau », dira l’enquête. Paniqué, le frère s’enfuit et appelle la police, puis les pompiers, à plusieurs reprises. « Venez vite, mon frère est en train de tuer sa copine, là. ». Un voisin appelle lui aussi, puis le frère à nouveau : « Faites vite, elle est en train de mourir. » Puis, à 5h16 : « Elle est morte, elle ne respire plus, putain ! venez. » L’opérateur lui fait répéter l’adresse, les minutes s’écoulent, interminables. Quand la police arrive, il est trop tard. Allongée dans une mare de sang, le visage tuméfié, Eléonore est morte. Son meurtrier ne lui a laissé aucune chance. Les gendarmes le retrouveront en fin de matinée caché dans un jardin voisin, où il avait fini par s’endormir.

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