Par Juliette Hochberg Publié le
Dans l'essentiel "125 et des milliers", pensé et conçu par Sarah Barukh et paru aux éditions Harper Collins en cette journée internationale des droits des femmes, 125 personnalités racontent 125 victimes de féminicides. La romancière à succès Virginie Grimaldi y rend hommage à la lumineuse et engagée Salomé, étudiante de 21 ans, battue à mort en 2019 par son conjoint, qui vient de reconnaître les faits.

Elle s'est enfuie avec sa fille. A atterri dans son ancienne chambre d'ado, chez ses parents, avec son bébé. Ce mois de juin 2020, la romancière Sarah Barukh, victime de violences conjugales jusqu'aux menaces de mort, assiste à sa vie "en spectatrice". En état de sidération, elle a relu sa plainte, durant des mois, incapable de croire que c'était bien d'elle qu'il s'agissait. Quand elle a réalisé que ce doute était symptomatique de l'emprise, instaurée par le père de son enfant, l'écrivaine et réalisatrice s'est lancée dans un enquête vertigineuse : "Il fallait qu'on sache qui meurt de la violence derrière les décomptes".

Durant deux ans, elle a identifié et retrouvé 125 familles de victimes de féminicides. 125, car une femme est tuée tous les deux jours et demi en France par son conjoint ou ex-conjoint, "souvent quand elles partent". Soit, 125 victimes en moyenne chaque année. Sarah Barukh est allée à la rencontre de ces proches endeuillés, les a écoutés raconter leur sœur, fille, mère. Avant d'envoyer chaque entretien enregistré à une personnalité différente.

Delphine Horvilleur, Olivia Ruiz, Andréa Bescond, Julie Gayet, Isabelle Carré, Leïla Slimani, mais aussi, la gynécologue Ghada Hatem, la psychiatre et présidente de l'association Mémoire traumatique et victimologie Muriel Salmona, ou encore l'avocate spécialiste du droit des femmes et des enfants victimes de violences Isabelle Steyer... À chacune de ces 125 femmes qui ont répondu à son appel, une même mission attribuée : prendre la plume pour raconter une victime. Qu'en mots apparaissent son visage, sa voix, sa personnalité.

Ainsi a pris forme 125 et des milliers (Harper Collins)paru ce 8 mars, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, et dont les bénéfices seront reversés à l'Union nationale des familles de féminicides (UNFF).

Salomé, 21 ans, tuée par son conjoint qui vient de reconnaître les faits

Parmi les 125 portraits, celui de cette jeune femme, qui rêvait de devenir institutrice. Elle s'appelait Salomé Garnesson. Deux jours avant la sortie de cet ouvrage collectif, son ancien compagnon a avoué les faits devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes, où il comparaît pour meurtre aggravé jusqu'à 10 mars, et encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Dans la nuit du 31 août au 1er septembre 2019, à Cagnes-sur-Mer, l'étudiante en sociologie et anthropologie alors âgée de 21 ans fut battue à mort, défigurée au point de ne pas être reconnue par les siens à la morgue.

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